Le projet international “Choosing Wisely” lancé à l’initiative de l’American Board of Internal Medicine vise à sensibiliser les professionnels de santé et les patients à engager un dialogue au sujet des examens et des traitements inutiles et potentiellement néfastes. Il propose à chaque société médicale de créer une liste de 5 conduites médicales que les médecins et patients devraient remettre en question (listes Top 5). L’European Federation of Internal Medicine (EFIM) a engagé une action similaire à laquelle la Société Nationale Française de Médecine interne (SNFMI) participe. Nous présentons le résultat de l’enquête menée pour établir la liste Top 5 française en médecine interne.

À l’instigation de la Fédération Hospitalière de France (FHF), un groupe de travail comportant 9 membres de la SNFMI et 6 membres de l’Amicale des jeunes internistes (AJI) a revu l’ensemble des listes Top 5 des sociétés australiennes, américaines, anglaises et canadiennes de médecine interne, médecine hospitalière, médecine vasculaire, médecine générale, rhumatologie et gériatrie. Le groupe de travail a sélectionné parmi ces listes de conduites médicales celles qui paraissaient transposables au contexte de la médecine interne en France. Chaque membre du groupe de travail pouvait également proposer d’autres conduites à évaluer. Cette première étape a permis de sélectionner 47 conduites médicales. Après analyse de la littérature et de discussion au sein du groupe de travail, 27 conduites médicales ont finalement été retenues. Elles ont été soumises aux 613 internistes s’étant déclarés volontaires pour participer à l’étude (parmi les 1850 internistes sollicités au sein de la SNFMI et de l’AJI). Un questionnaire électronique permettait aux participants de noter chaque conduite sur une échelle numérique, en termes d’utilité, de risque et de fréquence. Un classement a ensuite été établi à partir d’un score composite basé sur ces trois critères.

Parmi les 613 internistes volontaires, 430 (71 %) âgés en moyenne de 35 ans ont répondu au questionnaire (255 hommes et 175 femmes). L’ensemble des régions françaises et des statuts de la profession étaient représentés ainsi que l’ensemble des structures de soins, même si une majorité de participants (77 %) travaillaient en CHU. La liste Top-5 française en médecine interne obtenue à l’issue de l’enquête était la suivante : ne pas prescrire des inhibiteurs de la pompe à protons au long cours sans réévaluation régulière de l’indication, ne pas prescrire des médicaments à visée préventive (cholestérol, HTA) chez des personnes âgées démentes, ne pas prescrire en première intention un hypnotique pour le traitement de l’insomnie, ne pas anticoaguler plus de trois mois une première thrombose veineuse profonde proximale des membres inférieurs lorsqu’un facteur favorisant a été identifié et maîtrisé, ne pas prescrire une sérologie de borréliose de Lyme en l’absence d’une histoire et/ou de signes cliniques évocateurs.

Plus de 400 internistes ont établi la liste des 5 conduites médicales jugées comme étant à éviter prioritairement dans un objectif d’amélioration des soins. Cette liste va être associée à celle des internistes d’autres pays européens.